Où l’on découvre comment un mollusque s’est fait voler la vedette.
18e siècle, en France. L’ambiance est festive, les rires fusent. De joyeux aristocrates dégustent un repas dans un désordre luxueux. Le Déjeuner d’huîtres est un tableau qui n’a pas volé son titre : on retrouve des huîtres par terre, sur les plateaux et dans les assiettes. Pourtant, ce mollusque n’est pas le véritable sujet de cette œuvre…
Jean-François de Troy n’a pas peint ce tableau pour n’importe qui. Il s’agit d’une commande du roi qui souhaite en décorer l’une de ses salles à manger de Versailles.
Mais alors qu’est-ce que l’artiste cherche à mettre en avant ?
Pour comprendre, il faut observer ce qui attire l’attention des personnages.
Certains ont ainsi les yeux rivés vers une petite tache blanche sur la colonne de marbre qui n’est autre… qu’un bouchon de champagne qui vient de s’envoler.
Si ce simple objet émerveille, c’est que le champagne est une nouvelle invention. Créée par le moine Dom Pérignon, elle se diffuse peu à peu. Jusqu’ici, aucune peinture n’a jamais mentionné ce breuvage. Le Déjeuner d’huîtres est une grande première !
Ce tableau témoigne ainsi des habitudes culinaires de l’époque. La table ronde permet, par exemple, d’éviter la hiérarchie pesante de l’étiquette, les règles de bonne conduite à Versailles. On respecte cependant l’usage selon lequel aucun verre ne doit être posé sur la nappe. Il est aussi possible d’apercevoir un nouveau meuble : le rafraîchissoir, ancêtre du seau à glace.
Et ce n’est pas tout : l’œuvre est aussi le symbole d’un changement de goût au 18e siècle. Si Louis XIV décorait ses appartements d’épisodes historiques et mythologiques, son successeur préfère des tableaux légers qui montrent le quotidien, ce qu’on appelle les « scènes de genre« .
Source : Artips
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